Le prisionier sans nom...

Un jeune Ange-Déchu était assis par terre dans un coins d'une cage, il était couvert d'ecchymose et de plaies béantes. Son aile droite était à moitié arrachée et celle de gauche, elle était complètement gelée et plusieurs de ses plumes noirs étaient tombées à ses côtés... On entendit un gémissement. Cet Ange était en vie! C'était très rare de trouver un prisonnier du Seigneur encore en vie. À son habitude, il les tuait et il faisait on ne sait trop quoi avec puis, il venait les reporter ici, mort, inertes, blancs comme de la craie... Celui-la, on aurait dis qu'il avait préféré se régalé de sa souffrance et ne pas l'achever immédiatement ou bien, son cas était-il très intime avec Sir Drop?! Il avait des chaînes aux chevilles et aux poignets... Il souffrait atrocement, cale se lisait sur son visage. Puis soudain il ouvrit les yeux effrayé!

L'Ange-Déchu: Noooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooon! Ne faites pas ça!

Il referma les yeux et son visage redevint paisible...

Aaaaah, pauvre petite Madrigal !

La diablesse pourtant jeune et bourrée de talents et de défauts était obligée d'assurer la sécurité et la garde dans la prison impériale du palais de son Maître, Sir Drop.

Dommage, se disait-elle. Car elle avait apporter son fouet et ses cuirasses de cuir, au cas ou elle aurait à fouetter des prisonniers, ce qu'elle affectionnait particulièrement. Mais non. Ces foutus bons à rien étaient tous morts, sauf un.

Et celui-là, Madrigal ne le manqua pas. Il était blessé, faible et mourant de faim, ça se voyait. Mais il était en vie !

"J'espère qu'il a encore la force de crier sous les coups de fouets !" fit Madrigal en prenant un ton cruel.

Enfin ! Elle pouvait s'amuser. Madrigal regarda autour d'elle tous ces visages blancs neige, inertes, et parfois les yeux encore ouverts. Malgré une répugnante odeur de charogne qui flottait dans l'air (ce qui rappelait aussi à Madrigal un souper chez un démon peu hygiénique), elle se retrouva heureuse d'avoir quelqu'un à qui fouetter.

Puis soudain elle l'entendit crier le mot de négativité en allongeant la voyelle. Puis ce Déchu de dernière classe hurla encore à quelqu'un qui n'existait pas de ne pas faire ça.

Madrigal fronça le sourcils et s'approcha du prisonnier en faisant claquer son fouet sur sa cuirasse droite. Elle dit sévèrement:

"Hé, le Déchu de dernière classe ! Tu sais que j'ai horreur des gens qui se parlent seuls ? Même si j'en suis une, tu vas te taire ou sinon tu me fais la conversation, c'est clair ?"

Puis elle tourna les talons, se ramassant devant une autre prison qui habritait un Elfe Noir en état de décomposition avancé. Madrigal plissa son nez. Pourtant, son corset et une jupe déchirée était intacte.

Une prisonnière, alors !... Oh, Madrigal ne voudrait pas avoir une mort comme cela ! Elle préférait une mort glorieuse, où elle se ferait trancher la tête à la place de Drop.

La jeune diablesse sortit un carnet noir en cuir (décidément son matériau préféré) et y nota dans la section "Choses à faire avant de mourir":

-Demander au Dieu-Diable de lui faire voir sa Mort
-Mourir pour Drop ou essayer de mourir pour Drop
-Participer à une guerre et acquérir le titre de capitaine d'armée

Elle fit un sourire malicieux. Allait-elle avoir le temps de faire toutes ces choses avant de s'éteindre ? Elle était sûre que oui !

Se retournant vers le prisonnier, elle attendait pour des réponses, des informations sur sa petite personne.

L'Ange-Déchu ouvrit des yeux rouges souffrant, il porta sa main a son ventre et se courba serrant les mâchoires.

"Qui êtes-vous pour menacer un pauvre Déchu qui souffre le martyre?! Il me semble que je ne vous ai jamais vue dans le coin... Pourtant, ça doit bien faire 7 ou 8 ans que je suis enfermer ici..."

Il s'assit tranquillement et regard Madrigal. Il pencha la tête et regarda son fouet.

"Si vous êtes la tortureuse (c'est ainsi que les prisonniers parlaient d'elle), vous ne trouverais pas grand chose à faire ici! Je suis le seul survivant... Et, je vous déconseille fortement de lever la patte sur moi!"

Un rictus de souffrance et de cruauté apparu sur ses lèvres...

Le Déchu lui jeta un regard surpris.

"Vaut mieux être sourd aux insultes et aux injures qu'aveugle au malheurs des autres! Oui je crois!"

Il fit une pose.

"Ce en quoi je crois,
Tous dans cet Empire le craigne,
Tout ceux de l'autre côté du miroir l'adore...
Moi, qui vient
De si loin,
Je me suis métamorphosé
En cette chose que vous voyez...
Une énigme me direz-vous?
Vous répondrais-je: c'est une affirmation?!
Ou non?"

Il la fixa et ressenti son engourdissement et en profita pour se lever avec difficulté... Une de ses ailes trainait sur le sol.on voyait tout son ossature sous sa peau complètement arracher!

Le déchu la regarda sans émotions.

"Oui, ce monde est le même pour toi et moi,
nous ne sommes pas dignes de sa confiance,
pourtant, c'est une grande confidence,
que tu fais a un parfait étranger,
toi, qui n'a jamais été sensibilisée...
Pourquoi,
tu confis-tu à moi?
Il me semble, il y a ton roi!"

Il laissa paraître un sourire et une larme coula le long de se joue droite. Debout, l'aile déchirée, le corps mutilé, il était là, sans bouger... Ce n'est pas qu'il ne pouvait pas mais qu'il ne VOULAIT pas!

"N'ai pas peur de tes sentiments,
il te sont ton précédent,
et ton futur
malgré tes blessures,
tu retrouvera la lumière dans
ton cœur noircis pas la rage en-dedans..."

Madrigal entendit les paroles magnifiques et à la fois poétiques de l'Ange Déchu. Elle releva sa tête. Ses larmes se mélangèrent à des larmes de joie, que personne ne pouvait vraiment différencier. Jamais personne n'avait été aussi gentil avec elle, et cet Ange Déchu, même s'il n'avait pas fait grand chose à son cas, était désormais admiré et respecté de la jeune Diablesse.

Madrigal, en tant que Grande Prêtresse, avait un pouvoir caché. Une attaque et en même temps une défense. Un pouvoir puissant que même le plus puissant des télépathes ne pouvait sonder à travers sa tête. Un don qu'on ne mettait jamais dans sa fiche, car il était secret, justement.

La Diablesse se leva. Elle débarra la porte de la prison. Elle avança jusqu'à l'Ange Déchu, activa une magie pure et bleue de ses mains moites, et les posa juste au-dessus de la plus grosse plaie du Déchu.

La plaie se referma, et toutes les ecchymoses autour redevinrent couleur peau. Madrigal, pour sa survie personnelle, ne pouvait pas utiliser son Don secret pour soigner toutes les blessures du Déchu.

"C'était juste pour te remercier de m'avoir en quelque sorte aidée..." fit-elle en se relevant.

Elle aurait bien aimée le délivrer, mais Drop allait pèter une coche qui serait comme la goutte de trop dans un verre de whisky irlandais.

L'ange fixa sa blessure invisible et releva la tête vers Madrigal, il murmura un "merci" étouffé par le manque d'air. Il prit Madrigal dans ses bras et la serra, puis, reculant, il s'accota sur la mur.

"Tu as bien reçu ta leçon...
Alors, il et temps pour moi,
de rejoindre mes frères...
Une chose tu dois comprendre,
Je n'ai jamais existé,
Simplement ton imagination je suis,
Rappelle cet homme auprès de toi,
Celui que tu crains et aime à la foi...
Ne laisse pas ton seigneur étouffer
ce qui te reste de bonté...
Zeleman Cloc'k est son nom,
trois fois
tu le répétera..."

Il se fondit dans le mur et disparut complètement...
Un mot discret apparut gravé dans le roque... Et ce mot était: Merci...